Lire l'heure - 18
Les enfants dys ont souvent de la difficulté à lire l’heure. Pour ma part, encore aujourd’hui, je préfère avant tout des montres ou réveil avec des gros chiffres. Ensuite, ma préférence va pour les chiffres électroniques : pas besoin de faire de calcul mental pour lire l’heure.
Je me souviens de l’horreur que j’avais de porter une montre et que quelqu’un me demande l’heure ; comme j’étais dans l’incapacité de lire rapidement ma montre, je me contentais de leur tendre mon poignet. Puis j’ai commencé à porter des montres de gousset cachées dans une poche de façon que lorsqu’on me demandait l’heure, je tende le poignet et dise : « désolé, je n’ai pas de montre. » Ce qui était vrai, en partie, puisque j’avais en fait une montre de gousset en poche et cachée.
Lire la première moitié (droite) de la face d’une montre ou d’une horloge était plus facile que lire l’heure une fois passée la demie heure (la moitié gauche) car c’est là que commençaient les calculs : soit des additions, soit des soustractions suivies d’additions.
Puisque 2h45 devait se calculer d’abord en identifiant la petite aiguille sur le 2 ou juste passée le 2 ; ensuite on repérait la grande aiguille sur le chiffre 9 dont il fallait faire abstraction puisque c’est la position de l’aiguille sur le 45 qui comptait ; le 3e quart d’heure ! Donc 2 heures plus 3 quarts d’heure (15 + 15 + 15) équivalaient à 2h45 ou 3 heures moins le quart si l’on soustrayait le dernier quart (15) de l’heure (60) ! Il valait mieux apprendre avec une horloge dont la face représentait les 24 heures complètes et les 60 minutes, plutôt que juste 12 h (qui en fait n’était que 11 h puisque le chiffre 12 n’apparaissait pas en plus du chiffre 1). Et pire encore, les montres dites chic qui ne présentaient que 4 chiffres ou que des barres ou des points en lieu des chiffres !
Lorsqu’on me demandait l’heure, normalement, je m’en tenais au quart d’heure le plus proche, le 3e valant pour tout ce qui dépassait la demie. C’était approximatif mais ça me suffisait. Si quelqu’un voulait de la précision, dans ce cas-là, je leur tendais mon poignet.
En fin de compte, j’ai arrêté complètement de porter de montre. Et c’est moi qui demandais l’heure aux autres. Ca, je savais faire !
Maintenant je n’ai que des réveils numériques : je préfère les mini réveils de voyage qui ont aussi une alarme en cas de besoin ; et dans la maison, des réveils traditionnels de table de nuit partout dans la maison (avec des gros chiffres bien visibles, de préférence).
Je me souviens d’un épisode auquel j’ai assisté chez des amis anglophones ; un enfant dys français voulait savoir l’heure et s’adresse au monsieur anglophone pour lui demander l’heure alors qu’une horloge trônait juste devant eux dans la cuisine. Le monsieur répondit : « Mais tu sais lire l’heure juste là » en pointant l’horloge du doigt. Mais l’enfant répondit : « Je ne sais pas lire l’heure sur une horloge anglaise ! »
Il faut se mettre dans le contexte où l’on nous apprenait à l’époque entre l’heure « française » sur 24 heures et l’heure anglaise sur 12 heures ; c’est à partir de midi que tout changeait ; en anglais on passait de A.M. à P.M. et on reprenait le décompte 1,2, 3… jusqu’à 12h (minuit). Mais en français, l’après midi les heures continuaient dans les dizaines, 13, 14, 15, 16… jusqu’à 24h (minuit). Cela peut être troublant pour un enfant dys.
Et tout exigence de conversion représentait un défi supplémentaire pour une personne dys : passer des anciens francs aux nouveaux francs, des francs aux euro, des miles aux kilomètres, des livres aux kilogrammes, des galons aux litres etc… L’uniformisation des unités de mesures (poids, liquides, distances, monnaies) était une source de stress supplémentaires et exigeait une adaptation supplémentaire de la part des personnes dys. Comme pour les personnes âgées, nombreuses étaient celles qui restaient avec l’ancienne unité et se contentaient d’une conversion approximative dans la vie de tous les jours.
Commentaires
Enregistrer un commentaire