Le croisement des neurones - 29
Parfois, l’erreur est simplement due à un croisement de sons, de syllabes ou même de sens des mots. Il m’arrivent de vouloir dire une chose et de croire que je choisis le bon mots alors qu’en fait soit je retiens un mot similaire, soit j’en créé littéralement un nouveau.
Par exemple « imploratif » au lieu de « implorant ». L’adjectif « imploratif » me semble tout-à-fait juste alors que ce n’est pas un mot. Ou « en catimini » que je remplace par « en catimani » ; ou encore « grèpe » ou « guèpre » pour guèpe ou guêtre. Ou pour « récurante » au lieu de « récurrente », c’est très compliqué puisque « récurant » est juste mais « récurante » n’existe pas ! Le logiciel de correction attirent infailliblement mon attention sur ce genre d’erreur car mon esprit serait incapable de la trouver, même avec une relecture minutieuse.
Une autre erreur impossible à discerner pour moi survient lorsque j’inverse l’ordre des mots dans une expression comme « walkie-talkie » ou « talkie-walkie » : est-ce qu’on parle en marchant ou est-ce qu’on marche en parlant ? J’ai beau chercher la logique la plus évidente, dans ce genre de défi, ça ne mène à rien. Il me faut vérifier dans le dictionnaire pour savoir qu’on parle (talkie) en marchant (walkie) et non l’inverse ! Mais logiquement, pour moi, cela demeure une énigme.
Une autre erreur, le croisement de sens, survient lorsque je remplace un mot par un autre. Les logiciels de correction ne capteront pas l’erreur puisque les deux mots existent et qu’ils sont bien écrits avec l’orthographe juste : inconstant/inconsistant. En général, c’est un lecteur qui captera l’erreur et la portera à mon attention. Je peux faire ce genre d’erreur aussi à l’oral. Par exemple les mots empoissonné ou empoisonné ; pion et point ; même en anglais, par ex. strip, streak, steep, trip, slip, sleep… Au moins, cela fait sourire mon interlocuteur qui, parfois, portera l’erreur à mon attention en disant « Tu voulais dire (ceci) au lieu de (cela) ? »
Il y a d’autres erreurs qui ne sont pas nécessairement dues à la dyslexie, soit à une inattention, soit à la fatigue, soit à une incompatibilité d’apprentissage. Par exemple, se souvenir du jour de la semaine, de l’horaire de la journée, du nom d’un interlocuteur ou d’un lieu. Inverser le nom de personnes proches peut être due à une erreur d’inattention ou à la dyslexie, mais elle n’en demeure pas moins souvent très embarrassante : inverser les noms des conjoints existant et passé, de ses propres enfants ou d’amis proches. Pour corriger ce genre de fautes, il faut absolument faire un effort constant de concentration ou développer une routine qui permet d’éviter l’incertitude. Par exemple, vérifier systématiquement sur le calendrier, chaque matin au réveil, le jour de la semaine et la date. Et avant de poser la question à son conjoint au petit-déjeuner, s’arrêter un instant, visualiser l’image du calendrier du matin et se souvenir de la date du jour avant d’ouvrir la bouche et de poser la question récurrente qui énerve.
Pour l’inversion des prénoms ou noms, cela exige un effort de réflexion, ce qui n’est pas nécessairement évident dans le courant d’une conversation. Pour éviter l’erreur du prénom des intimes, on peut parfois avoir recours à un surnom gentil ou à un générique : « ma chérie ». Pour les rencontres impromptues dans la rue, j’ai trop souvent recours à une généralisation du type « Et toi !», « Salut ! toi », « Salut ! mon pote. » Cela semble familier et souvent, ça passe inaperçu. Lorsque je ne connais pas intimement la personne, souvent je ne me gène pas pour demander : « Désolé, j’ai oublié ton prénom… »
Cela peut se produire autant à l’oral qu’à l’écrit ; par exemple, dans mon agenda, j’ai noté à la main le rendez-vous avec une thérapeute « Maeva », tel jour, telle heure, et avec une autre thérapeute « Magali », tel autre jour à telle autre heure ; et une troisième « Marceline ». Mais comme j’écris assez mal et que je ne distingue bien que la première syllabe « Ma.. », j’associe dans ma tête qu’il s’agit de Maéva que je vois plus souvent, alors qu’il s’agit de Magali et non de Marceline. Je vérifie trois fois sur deux jours, et demeure convaincu que mon prochain rendez-vous est avec Maéva. Le matin même, je suis sur le départ, j’ai enfilé mon manteau, pris mes clefs et chaussé mes souliers, mais hésitant, je vérifie une dernière fois : et là je constate que je dois me rendre chez Magali et non chez Maéva ! C’est terrible d’être dans l’incapacité de se faire confiance une fois pour toute plutôt que d’avoir à se surveiller, vérifier et corriger de multiples fois pour éviter ce genre d’erreur de lecture et d’association.
Le plus sensible, c’est lorsque nous sommes en groupe de proches et qu’une nouvelle personne de ma connaissance se présente mais que j’ai oublié son nom – ou que sous stress, je suis incapable de réfléchir - et que tout le monde s’attend à ce que je fasse les présentations. Là, ça peut être très gênant. Et il n’existe pas de solution échappatoire. Ça passe, ou ça casse !
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