é lortograf - 13

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Ma piètre orthographe m’attirait aussi des critiques dans les autres matières, autre que le français. En plus, du fait qu’étant gaucher, on me forçait à écrire de la main droite, cela ne m’aidait pas. Ma calligraphie était donc pitoyable, mes lettres penchaient de droite à gauche comme un navire en pleine tempête. Ma main gauche essuyait mon texte au fur et à mesure que j’écrivais de la gauche vers la droite si j’utilisais ma main gauche en trichant, ce qui me trahissait. Donc impossible d’aller vite.

 

Pour l’orthographe, voici comment je percevais les choses en tant que dyslexique.

Comme avec les chiffres, je ne savais pas où placer le ventre des lettres : d, b, g ? Et dans quel sens fallait-il tracer un c, s ou un z ? Par où commencer un N ? Et comment distinguer les sons « en » et « an » ? Comment distinguer entre « ie » et « ei » ? Et les accents é, è, ê avec les sons « ai »,  « ei » ? Quelle distinction entre « ain », « ein » et « in » ? Pourquoi un « crayon » mais un « camion » ou un « grillon » ? Tout cela n’avait aucune logique pour moi. Il y avait trop de façons d’écrire les mêmes sons. Je ne m’y retrouvais pas.

 

Et cela ne s’est pas amélioré avec l’apprentissage de plusieurs langues alors que je ne maitrisais même pas encore le français. Dans mes dictées les mots et les langues se mélangeaient : « et » devenaient « y » ou « and » sans logique apparente et j’avais beau me relire, mes yeux ne captaient pas l’erreur. Il m’a fallu apprendre à relire en soulignant chaque syllabe avec mon index et en répétant le son tout haut ou dans ma tête.

 

Je finis, avec l’aide de certains de mes enseignants, par corriger suffisamment de réponses lors des contrôles pour me maintenir dans une faible moyenne, juste une note de passage. Je ne terminais jamais toutes les questions, à peine une grosse moitié. Mais en m’appliquant, j’avais suffisamment de bonnes réponses pour mériter les points de passage.

 

Cahin-caha, je passais d’une année à l’autre pour finir par me rendre jusqu’au BAC. Toujours comme élève médiocre, mes évaluateurs indiquaient en général « peut faire mieux » ; bien sûr, dans un monde idéal j’aurais pu faire mieux mais comme dyslexique, je n’aurais jamais pu faire mieux. C’est même un miracle que j’ai pu finir l’école normale.

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